lundi 10 octobre 2016
jeudi 15 septembre 2016
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mercredi 15 juin 2016
Sujets du bac de philo (15 juin 2016)
Les sujets en série L
- Nos convictions morales sont-elles fondées sur l’expérience ?- Le désir est-il par nature illimité ?
- Expliquer le texte suivant :
Est-ce qu’il existe aucun fait qui soit indépendant de l’opinion et de l’interprétation ? Des générations d’historiens et de philosophes de l’histoire n’ont-elles pas démontré l’impossibilité de constater des faits sans les interpréter, puisque ceux-ci doivent d’abord être extraits d’un chaos de purs événements (et les principes du choix ne sont assurément pas des données de fait), puis être arrangés en une histoire qui ne peut être racontée que dans une certaine perspective, qui n’a rien à voir avec ce qui a eu lieu à l’origine ? Il ne fait pas de doute que ces difficultés, et bien d’autres encore, inhérentes (1) aux sciences historiques, soient réelles, mais elles ne constituent pas une preuve contre l’existence de la matière factuelle, pas plus qu’elles ne peuvent servir de justification à l’effacement des lignes de démarcation entre le fait, l’opinion et l’interprétation, ni d’excuse à l’historien pour manipuler les faits comme il lui plaît. Même si nous admettons que chaque génération ait le droit d’écrire sa propre histoire, nous refusons d’admettre qu’elle ait le droit de remanier les faits en harmonie avec sa perspective propre ; nous n’admettons pas le droit de porter atteinte à la matière factuelle elle-même. Pour illustrer ce point, et nous excuser de ne pas pousser la question plus loin : durant les années vingt (2), Clémenceau, peu avant sa mort, se trouvait engagé dans une conversation amicale avec un représentant de la République de Weimar (3) au sujet des responsabilités quant au déclenchement de la Première Guerre mondiale. On demanda à Clémenceau : "À votre avis, qu’est-ce que les historiens futurs penseront de ce problème embarrassant et controversé ?" Il répondit : "Ça, je n’en sais rien, mais ce dont je suis sûr, c’est qu’ils ne diront pas que la Belgique a envahi l’Allemagne."
Hannah ARENDT, "Vérité et politique" (1964)
(1) Inhérent : qui appartient essentiellement à quelque chose.
(2) Années vingt : période de 1920 à 1929.
(3) République de Weimar : régime politique de l’Allemagne de 1919 à 1933.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Les sujets en série S
- Travailler moins, est-ce vivre mieux ?- Faut-il démontrer pour savoir ?
- Texte :
Je n’ignore pas que beaucoup ont pensé et pensent encore que les choses du monde sont gouvernées par Dieu et par la fortune (1), et que les hommes, malgré leur sagesse, ne peuvent les modifier, et n’y apporter même aucun remède. En conséquence de quoi, on pourrait penser qu’il ne vaut pas la peine de se fatiguer et qu’il faut laisser gouverner le destin. Cette opinion a eu, à notre époque, un certain crédit du fait des bouleversements que l’on a pu voir, et que l’on voit encore quotidiennement, et que personne n’aurait pu prédire. J’ai moi-même été tenté en certaines circonstances de penser de cette manière.
Néanmoins, afin que notre libre arbitre (2) ne soit pas complètement anéanti, j’estime que la fortune peut déterminer la moitié de nos actions mais que pour l’autre moitié les événements dépendent de nous. Je compare la fortune à l’un de ces fleuves dévastateurs qui, quand ils se mettent en colère, inondent les plaines, détruisent les arbres et les édifices, enlèvent la terre d’un endroit et la poussent vers un autre. Chacun fuit devant eux et tout le monde cède à la fureur des eaux sans pouvoir leur opposer la moindre résistance. Bien que les choses se déroulent ainsi, il n’en reste pas moins que les hommes ont la possibilité, pendant les périodes de calme, de se prémunir en préparant des abris et en bâtissant des digues de façon à ce que, si le niveau des eaux devient menaçant, celles-ci convergent vers des canaux et ne deviennent pas déchaînées et nuisibles.
Il en va de même pour la fortune : elle montre toute sa puissance là où aucune vertu n’a été mobilisée pour lui résister et tourne ses assauts là où il n’y a ni abris ni digues pour la contenir.
MACHIAVEL, "Le Prince" (1532)
(1) "fortune" : le cours des choses.
(2) "arbitre" : capacité de juger et de choisir.
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Les sujets en série ES
- Savons-nous toujours ce que nous désirons ?- Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l’histoire ?
- Expliquez le texte suivant :
[…] Parce que nous savons que l’erreur dépend de notre volonté, et que personne n’a la volonté de se tromper, on s’étonnera peut-être qu’il y ait de l’erreur en nos jugements. Mais il faut remarquer qu’il y a bien de la différence entre vouloir être trompé et vouloir donner son consentement à des opinions qui sont cause que nous nous trompons quelquefois. Car encore qu’il n’y ait personne qui veuille expressément se méprendre, il ne s’en trouve presque pas un qui ne veuille donner son consentement à des choses qu’il ne connaît pas distinctement : et même il arrive souvent que c’est le désir de connaître la vérité qui fait que ceux qui ne savent pas l’ordre qu’il faut tenir pour la rechercher manquent de la trouver et se trompent, à cause qu’il les incite à précipiter leurs jugements, et à prendre des choses pour vraies, desquelles ils n’ont pas assez de connaissance.
René DESCARTES, "Principes de la philosophie" (1644)
La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Les sujets du bac technologique
- Pour être juste, suffit-il d’obéir aux lois ?- Pouvons-nous toujours justifier nos croyances ?
- Texte :
Même quand les peintres travaillent sur des objets réels, leur but n’est jamais d’évoquer l’objet même, mais de fabriquer sur la toile un spectacle qui se suffit. La distinction souvent faite entre le sujet du tableau et la manière (1) du peintre n’est pas légitime parce que, pour l’expérience esthétique, tout le sujet est dans la manière dont le raisin, la pipe ou le paquet de tabac est constitué par le peintre sur la toile. Voulons-nous dire qu’en art la forme seule importe, et non ce qu’on dit ? Nullement.
Nous voulons dire que la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne sauraient exister à part. Nous nous bornons en somme à constater cette évidence que, si je peux me représenter d’une manière suffisante, d’après sa fonction, un objet ou un outil que je n’ai jamais vu, au moins dans ses traits généraux, par contre les meilleures analyses ne peuvent me donner le soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai jamais vu aucun exemplaire. Il ne s’agit donc pas, en présence d’un tableau, de multiplier les références au sujet, à la circonstance historique, s’il en est une, qui est à l’origine du tableau.
MERLEAU-PONTY, "Causeries" (1948)
(1) "manière" : la façon dont le peintre peint, son style propre
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.
1. Dégager la thèse du texte et les étapes de son argumentation.
2. Expliquer :
a) "un spectacle qui se suffit" ;
b) "la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne sauraient exister à part" ;
c) "les meilleures analyses ne peuvent me donner le soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai jamais vu aucun exemplaire".
3. Une œuvre d’art a-t-elle pour but de représenter la réalité ?
samedi 5 décembre 2015
Michel Foucault - "L'archéologie du savoir" (France Culture, 2 mai 1969)
Le 2 mai 1969, Michel Foucault était l'invité des Matinées de France Culture à l'occasion de la sortie de L'archéologie du savoir. - "Pas ce grattage des vieux os du passé mais la description de
l'archive". C'est la définition du terme "archéologie" que cherchait à
dessiner Michel Foucault... - Archéologie ? "Un vilain mot", disait Foucault, critiquant au passage son propre titre. Au micro de Georges Charbonnier, l'intellectuel définissait ainsi l'enjeu derrière le terme :
Archéologie, ça fait penser à une sorte d'entreprise de fouille : gratter la terre pour retrouver quelque chose comme des ossements du passé, un monument aux morts, des ruines inertes auxquelles il faudrait péniblement et par les moyens du bord redonner vie et date [...] Par "archéologie", je ne pensais pas tellement à cette fouille dans la terre, à ce grattage des vieux os du passé. Par "archéologie", je voudrais entendre quelque chose comme la description de l'archive. Que le mot "archéologie" vienne de l'archive. C'est-à-dire, la description de cette masse extraordinairement vaste, complexe, de choses qui ont été dites dans une culture.
mardi 17 novembre 2015
Entretien avec Jacques Bouveresse (2011)
Notice
Étant donnés les événements actuels, je me permets de reproduire ici l'intégralité d'un entretien avec le philosophe Jacques Bouveresse sur la religion dont voici la référence électronique :
Également sur philochat : Jacques Bouveresse : Les Intellectuels et les médias
Jacques Bouveresse et Yann Schmitt
Entretien à propos de
Que peut-on faire de la religion ?
YS : Quelles sont, à vos yeux, les tâches d'un philosophe
en ce qui concerne les religions ? Peut-être que cette question en
sous-entend une autre. Quelles sont les "choses" à ne
pas faire pour un philosophe, en ce qui concerne l'étude des
religions ?
JB : Pour être tout à fait franc,
je ne suis pas certain d’être très bien placé pour répondre à
cette question et je n’ai pas non plus essayé de le faire dans
le livre dont nous parlons, ne serait-ce que parce que, à la
différence de Roger Pouivet1,
je n’ai ni une connaissance suffisamment précise et étendue de
l’état présent de la philosophie de la religion ni un intérêt
suffisant pour elle. Dans Que peut-on faire de la religion ?,
je me suis intéressé essentiellement au cas de deux philosophes
contemporains de premier plan (Russell et Wittgenstein), dont
l’analyse de la religion me donne l’impression d’avoir
illustré de façon presque exemplaire une opposition tout à fait
traditionnelle, que Leibniz caractérisait comme étant celle de la
lumière et de la chaleur, autrement dit, celle de la religion
comme source de connaissance supposée (mais malheureusement
illusoire, selon Russell) et de la religion comme objet de ferveur
et d’amour. Dans Peut-on ne pas croire ?, j’avais
fait remarquer que le problème qui s’est posé à des gens comme
Lacordaire, Lamennais, Gratry, etc., était : « Le
christianisme peut-il être modernisé (de façon à être rendu
compatible avec la modernité scientifique, culturelle, politique,
sociale, etc.) ? », alors que nous sommes confrontés,
pour notre part, depuis un certain temps déjà à la question :
« Le christianisme peut-il se postmoderniser ? »
La réponse que je suis tenté de donner à la deuxième question
(et je crois comprendre que Roger Pouivet, qui connaît beaucoup
mieux que moi la situation réelle et l’état d’esprit du
croyant d’aujourd’hui, est foncièrement du même avis que moi)
est que le christianisme a déjà accepté largement et de façon
plutôt inquiétante (tout au moins pour ceux qui se préoccupent
de son intégrité et de sa survie) les évidences postmodernes. La
conséquence qui semble résulter de cela est que, pour le croyant
lui-même, des notions comme celle de vérité de la croyance (et
de vérité en général), celle de raisons de la vérité et
peut-être également, pour finir, tout simplement celle de
croyance elle-même sont en train de perdre à peu près toute
importance réelle. Puisque vous me demandez ce que je n’aime pas
voir faire ou entendre dire par les philosophes en matière d’étude
des religions, je serais tenté de vous répondre, et cela ne vous
surprendra sans doute pas, que c’est ce que font généralement
les postmodernes qui, pour parler le langage de Leibniz,
abandonnent sans regret l’idée de la religion comme lumière
sans rien retenir non plus de la chaleur et tiennent un discours
que je qualifierais de « froid » sur quelque chose qui
ne me semble avoir que des rapports assez lointains avec ce que
j’appellerais, pour ma part, la religion. A partir du moment où
défendre la religion cesse de vouloir dire défendre sa vérité,
il vaudrait mieux être plus précis qu’on ne l’est
généralement sur ce que l’on continue à défendre au juste et
éviter de donner l’impression que cela pourrait bien n’être
pas grand-chose de plus, en fin de compte, que l’utilité ou la
nécessité psychologique et sociale de la croyance religieuse. Il
faut dire que, si, comme cela a été mon cas, on abandonne la
religion pour des raisons qui sont du même genre que celles de
Renan (l’impossibilité de croire que ce qu’elle affirme est
vrai), il ne reste, pour quelqu’un qui a conscience d’être
resté malgré tout, à certains égards, religieux (c’était le
cas, comme je l’ai indiqué, de Russell lui-même), plus guère
de véritablement religieux qu’une dimension que l’on peut
désigner en gros comme étant celle de la chaleur et de l’amour.
Je pense que, si Leibniz considérait les dévots actuels et les
penseurs postmodernes auxquels ils se réfèrent la plupart du
temps quand il est question de la nature et de la justification de
la croyance religieuse, il déplorerait plus que jamais le fait
qu’ils semblent manquer encore plus qu’auparavant aussi bien de
lumière que de chaleur.
mardi 10 novembre 2015
André Glucksmann (1937-2015)
Controverses du progrès : Cohn-Bendit - Glucksmann (France Culture avec Libération)
Que reste-t-il des libéraux libertaires ?
André Glucksmann et Daniel Cohn-Bendit
Présentation de Max Armanet — Libération, 27 mai 2011
En plaçant la liberté et les désirs de l’individu comme centre de gravité de la société, les libéraux libertaires ont armé une bombe qui a grandement contribué à faire chuter le totalitarisme communiste en le délégitimant intellectuellement. Une gauche antitotalitaire décomplexée à l’égard du magistère marxiste-léniniste a pu émerger. Ce mouvement a aussi facilité l’évolution et l’ouverture de nos sociétés de l’après-guerre à la morale pesante. Cette éruption du primat de l’individu, de sa liberté d’entreprendre, se retrouve de manière positive dans les révolutions du monde arabe verrouillées jusqu’alors par le primat du collectif. Les slogans fameux «Il est interdit d’interdire» ou «jouir sans entrave», ont libéré d’autres forces qui se sont appuyées sur cette dynamique pour promouvoir planétairement celle du marché. Dérégulation ultralibérale, et financiarisation de l’économie se sont imposées comme nouvelles normes planétaires. La figure emblématique de ce phénomène est le trader et ses bonus faramineux. La morale de nos pères est jetée avec l’eau du bain dans cette course sans fin au profit et à l’accumulation avec pour conséquence la crise que nous vivons.
Militer pour une liberté radicale conduit-il inéluctablement à soutenir l’ultralibéralisme ? Cette fuite en avant vers un bien-être matérialisé semblait loin d’être l’objectif des mouvements contestataires éclos en Mai 68. Pourtant, n’ont-ils pas malgré eux favorisé la spéculation sans limite, la liberté absolue des salles de marché, à l’origine de la crise économique que nous traversons ? Les libéraux libertaires ne furent-ils pas, pour reprendre l’expression de Lénine, les «idiots utiles» de l’ultralibéralisme ? Quelle réflexion peut-on tirer de ce phénomène à la lumière de l’actualité, à l’heure de la crise financière et du retour en grâce de la régulation étatique ? Que reste-t-il de la pensée libérale libertaire ?
dimanche 8 novembre 2015
René Girard (1923-2015)
L'ANTHROPOLOGIE
Notice de KTO
Différentes anthropologies se rencontrent dans notre société : elles sous-tendent nos comportements et nos réflexions. Avec la participation de Maurice Godelier, anthropologue, P. Alain Mattheeuws, professeur de théologie morale à l'IET de Bruxelles ; Jean Vanier, fondateur de l'Arche ; René Girard, professeur émérite de littérature comparée à l'université Stanford et à l'université Duke. Extraits du colloque organisé le 22 novembre 2008 au Collège des Bernardins. [Émission du 17/02/2009]
mercredi 7 octobre 2015
Gaston Bachelard - Entretien : La poétique de l'espace (1959)
´
Gaston Bachelard : La poétique de l'espace, interrogé par Paule Chavasse (1959)
Présenté sur cette page
"Bachelard parmi nous ou l'héritage invisible", Un certain regard, 02/10/1972, RTF/ORTF INA
a été supprimé
(on se demande bien pourquoi !)
Présenté sur cette page
"Bachelard parmi nous ou l'héritage invisible", Un certain regard, 02/10/1972, RTF/ORTF INA
a été supprimé
(on se demande bien pourquoi !)
Notice
En 1961 HUBERT KNAPP et JEAN CLAUDE BRINGUIER avaient réalisé, pour le
magazine "Cinq Colonnes à la une", un rapide portrait d'un philosophe :
GASTON BACHELARD. - Dans son petit appartement de la rue de la Montagne
Sainte Geneviève envahi par les livres, le vieux sage à barbe blanche,
alors âgé de 80 ans, avait répondu à leurs questions avec sa profonde
simplicité et sa bonhomie coutumière. Au fil de la pensée, il avait
parlé de sa Champagne natale, de sa carrière d'enseignant à Bar sur
Aube, de ses élèves, de son petit "village" de la place Maubert, de son
goût pour la poésie, des "rêveries heureuses" et des méditations
tranquilles que lui inspiraient ses lectures, de la poétique de
l'espace, de la verticalité essentielle d'une maison, de la magie des
coins, des coffres, des armoires etc... De mille détails insignifiants
qui dans sa bouche prenaient une résonance profonde. - Peu de temps
après, GASTON BACHELARD mourait.
A l'occasion du dixième anniversaire
de sa mort, JEAN CLAUDE BRINGUIER a repris cette interview pour
l'enrichir de quelques témoignages. - Ce sont d'abord ses trois anciens
élèves, Bernard PRIEUR, Pierre MOUFLE et Pierre MALGRAS - c'était là
tout l'effectif de la petite classe de Bar sur Aube - qui se sont
retrouvés tout étonné un matin d'hiver, dans le préau de leur école,
pour évoquer leur merveilleux professeur de physique et de philosophie
qui les entraînait dans des courses champêtres. - Ce sont ensuite des
philosophes et des scientifiques qui l'ont connu ou qui l'ont lu et qui
en ont été marqués - GEORGES CANGUILHEM, JEAN TOUSSAINT DESANTI, ANDRE
LICHNEROWICZ, le Révérend Père DUBARLE, MICHEL FOUCAULT. - Car si
BACHELARD n'a laissé derrière lui ni école ni disciple, s'il a toujours
écarté la théorisation, son héritage invisible a influencé - plus ou
moins sourdement - bon nombre de penseurs contemporains. - Témoin des
bouleversements de la physique moderne, GASTON BACHELARD a en effet
développé une philosophie des sciences vierge et neuve qui s'intéressait
de l'intérieur aux mouvements d'idées de la création scientifique et à
sa dimension de rêverie. - Il a représenté une certaine manière d'écrire
et de penser, d'interroger les résonances profondes de l'esprit humain,
pratiquant une véritable psychanalyse des éléments. - Il reste avant
tout, dit le Père DUBARLE "L'homme qui nous a guidé dans la forêt
magique de nos signes et qui a su se mettre à l'écoute".
lundi 5 octobre 2015
Edgar Morin & Jean Rouch : Chronique d'un été (1961)
Paris, été 1960, Edgar Morin et Jean Rouch interviewent des parisiens sur la façon dont ils se débrouillent avec la vie. Première question : êtes-vous heureux ? Les thèmes abordés sont variés: l'amour, le travail, les loisirs, la culture, le racisme etc. Le film est également un questionnement sur le cinéma documentaire : cinéma-vérité et cinéma-mensonge. Quel personnage jouons-nous devant une caméra et dans la vie ? [Fiche technique]
Une vraie leçon d'existentialisme et de légéreté... et le début de ce cinéma sociologique qui inspirera les concepteurs belges de l'émission Strip-Tease et Pierre Carles... Pour l'anecdote, on y verra l'étudiant Régis Debray...
lundi 21 septembre 2015
Le cas Onfray
Michel Onfray n'est pas certainement pas un "politique". Ni un "philosophe" au sens noble de ce terme qui, comme le reste, est victime d'une prodigieuse inflation, prouvant au besoin que l'Homme moderne est le contraire du légendaire alchimiste, capable de transformer les excréments en or.
Mais médiatique, il l'est assurément. Sous ce label de "penseur médiatique" - et donc forcément de "bon client" - il forme avec les agrégés B.-H. Lévy et A. Finkielkraut, rejoints par E. Zemmour, tout de même diplômé de Sciences Po, un quatuor d'enfer que le monde entier doit - ou devrait - nous envier.
La dernière polémique en date, dont on sait que nos médias raffolent comme le junkie de la seringue, tourne autour d'une interview accordée par M. Onfray au Figaro (1) où il dit par exemple (je souligne) :
Le Figaro : Une partie de l’opinion publique française est réticente à l’idée d’accueillir des réfugiés. Comment analysez-vous cette réaction ?
Michel Onfray : « Le peuple français est méprisé depuis que Mitterrand a converti le socialisme à l’Europe libérale en 1983. Ce peuple, notre peuple, mon peuple, est oublié au profit de micropeuples de substitution : les marges célébrées par la Pensée d’après 68 - les Palestiniens et les schizophrènes de Deleuze, les homosexuels et les hermaphrodites, les fous et les prisonniers de Foucault, les métis d’Hocquenghem et les étrangers de Schérer, les sans-papiers de Badiou. Il fallait, il faut et il faudra que ces marges cessent de l’être, bien sûr, c’est entendu, mais pas au détriment du centre devenu marge : le peuple old school auquel parlait le PCF (le peuple qui est le mien et que j’aime) et auquel il ne parle plus, rallié lui aussi aux dogmes dominants.»
Michel Onfray : « Le peuple français est méprisé depuis que Mitterrand a converti le socialisme à l’Europe libérale en 1983. Ce peuple, notre peuple, mon peuple, est oublié au profit de micropeuples de substitution : les marges célébrées par la Pensée d’après 68 - les Palestiniens et les schizophrènes de Deleuze, les homosexuels et les hermaphrodites, les fous et les prisonniers de Foucault, les métis d’Hocquenghem et les étrangers de Schérer, les sans-papiers de Badiou. Il fallait, il faut et il faudra que ces marges cessent de l’être, bien sûr, c’est entendu, mais pas au détriment du centre devenu marge : le peuple old school auquel parlait le PCF (le peuple qui est le mien et que j’aime) et auquel il ne parle plus, rallié lui aussi aux dogmes dominants.»
Le Figaro : Est-ce «ce peuple» qui vote Marine Le Pen ?
Michel Onfray : «C’est à ce peuple que parle Marine Le Pen. Je lui en veux moins à elle qu’à ceux qui la rendent possible. Ce peuple old school se voit marginalisé alors que les marges deviennent le souci français prioritaire, avec grandes messes cathodiques de fraternités avec les populations étrangères accueillies devant les caméras du 20 heures. Si ce peuple pense mal, c’est parce que nombreux sont ceux qui l’aident à mal penser. Qu’un paysan en faillite, un chômeur de longue durée, un jeune surdiplômé sans emploi, une mère seule au foyer, une caissière smicarde, un ancien avec une retraite de misère, un artisan au bord du dépôt de bilan disent : «Et qu’est-ce qu’on fait pour moi pendant ce temps-là ?» Je n’y vois rien d’obscène. Ni de xénophobe. Juste une souffrance. La République n’a pas à faire la sourde oreille à la souffrance des siens.»
Il est évident qu'en citant des noms comme G. Deleuze, G. Hocquenghem, R. Schérer et A. Badiou, qui ont tous enseigné - coïncidence ? - à l'université de Paris-8 (Vincennes/Saint-Denis), M. Onfray marche sur les plate-bandes de son "nouvel ami" E. Zemmour en fustigeant la "pensée de 68" et en dénonçant la gauche bien-pensante comme il le fera une semaine plus tard, à peine arrivé sur le plateau de la grand messe cathodique, célébrée tous les samedis soir par le maître de cérémonie et de l'info-divertissement Laurent Ruquier.
Ensuite, l'utilisation du mot peuple : dans le court extrait cité, le mot revient huit fois, et même un interprète peu chevronné constatera une répétition emphatique (Ce peuple, notre peuple, mon peuple) et son recrutement pour une confession exaltée d'appartenance (le peuple qui est le mien et que j’aime). Cette réaction émotionnelle en chaîne contraste avec la seule occurrence d'un quasi synonyme, bien moins connoté : les populations qui, elles, sont étrangères.
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