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lundi 11 juin 2018

[Bac Philo 2018] Les conseils de philochat

 I
(J-7)

Vous n'avez pas révisé ? Vous n'avez rien compris à ce que racontait le/la prof de philo ? - Ne vous inquiétez pas : ces quelques conseils de philochat vont vous aider.

D'abord, décontractez-vous et oubliez le "name dropping" (Platon et Socrate, Montaigne et La Boétie, Descartes et Pascal, Voltaire et Rousseau, Kant et Hegel, Nietzsche et Kierkegaard, Marx et Freud...). - Apprenez qu'il faut penser par vous-même et gagner une distance critique vis-à-vis du prêt-à-penser ambiant.

Pour vous entraîner un peu, vous pourriez commencer par réfléchir sur vous-même (soyez votre propre sujet) : qu'avez-vous fait de cette année de terminale ? quels sont vos centres d'intérêt, vos passions, vos points forts ? Sous cet angle, vous pourriez également vous poser la question du temps perdu, du divertissement (Pascal), du spleen (Baudelaire). - Ensuite, pourquoi ne pas prendre une feuille de papier et noter quelques réflexions sur votre vie, vos aspirations, vos relations. Peut-être aurez-vous alors cette révélation du poète : "Je est un autre" (Rimbaud, Lettre du Voyant, 1871) ?
 

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Pour moi, l'histoire des idées - englobant l'étude de leur relation à l'évolution des civilisations, des cultures, des sociétés - constitue l'une des disciplines les plus intéressantes de la philosophie. On ne peut pas vraiment comprendre l'impact sur l'époque moderne de la pensée de Descartes (1596-1650) - avec son fameux "je pense donc je suis" qui inaugure la "métaphysique du sujet" (Discours de la Méthode, 1637) - sans le combat pour une société éclairée, libérée de l'obscurantisme médiéval, au sein d'un mouvement culminant dans les révolutions de la fin du 18e, la déclaration des droits humains et citoyens, préfigurées par la liberté du sujet pensant et l'essor des sciences exactes, qui permettaient de leur côté des avancées technologiques fulgurantes, transformant radicalement la civilisation occidentale. - De même, il est impossible d'apprécier les particularités de la pensée hellénique en adoptant une perspective résolument rationaliste, tout en oubliant les apports de la mythologie, des épopées, de la tragédie antique, mais aussi l'organisation politique d’Athènes au 5e Siècle avant notre ère. Ou encore de rendre justice aux écrits de Marx et de Freud en partant de l'échec du communisme ou d'une psychanalyse ratée. - En somme, à travers tous ces siècles et millénaires, des pensées philosophiques très diverses sont apparues (et ont disparu ou sont restées) sous forme systématique ou aphoristique, polémique ou pacifique, conventionnelle ou protestataire, s'inspirant ou se combattant les unes les autres, suivant une ligne toute tracée ou prenant des chemins de traverse, à l'image des civilisations, cultures, sociétés qui les ont engendrées pour ensuite - bon gré mal gré - les retenir ou les rejeter

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Pour ce qui est du traditionnel "conseil rédac" : n'oubliez pas que naguère la terminale s'appelait encore la classe de rhétorique - il convient donc de maîtriser quelques figures de style (ça ne mange pas de pain). Et puis : l'argumentation ne doit pas comporter d'erreurs logiques flagrantes ou d'avis trop personnels, ces derniers pouvant figurer en conclusion ou à la rigueur dans l'intro en partant d'une expérience personnelle en relation avec le sujet proposé, sans en oublier d'annoncer le plan de la partie principale qui - les profs vous l'ont assez rabâché ! - doit comporter trois sections distinctes, du genre thèse / antithèse / synthèse  (argumentaire / contre-argumentaire / évaluation), la "synthèse" étant en principe prolongée ou développée en conclusion. À mon avis, l'originalité du plan et l'organisation non conventionnelle des idées ne payent qu'en cas d'excellence (qui vous dispenserait alors de tout conseil).

Vale
φιλοχατ

mercredi 7 octobre 2015

Gaston Bachelard - Entretien : La poétique de l'espace (1959)

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Gaston Bachelard : La poétique de l'espace, interrogé par Paule Chavasse (1959)


Présenté sur cette page

"Bachelard parmi nous ou l'héritage invisible", Un certain regard, 02/10/1972, RTF/ORTF INA

a été supprimé

(on se demande bien pourquoi !)

Notice

En 1961 HUBERT KNAPP et JEAN CLAUDE BRINGUIER avaient réalisé, pour le magazine "Cinq Colonnes à la une", un rapide portrait d'un philosophe : GASTON BACHELARD. - Dans son petit appartement de la rue de la Montagne Sainte Geneviève envahi par les livres, le vieux sage à barbe blanche, alors âgé de 80 ans, avait répondu à leurs questions avec sa profonde simplicité et sa bonhomie coutumière. Au fil de la pensée, il avait parlé de sa Champagne natale, de sa carrière d'enseignant à Bar sur Aube, de ses élèves, de son petit "village" de la place Maubert, de son goût pour la poésie, des "rêveries heureuses" et des méditations tranquilles que lui inspiraient ses lectures, de la poétique de l'espace, de la verticalité essentielle d'une maison, de la magie des coins, des coffres, des armoires etc... De mille détails insignifiants qui dans sa bouche prenaient une résonance profonde. - Peu de temps après, GASTON BACHELARD mourait. 

A l'occasion du dixième anniversaire de sa mort, JEAN CLAUDE BRINGUIER a repris cette interview pour l'enrichir de quelques témoignages. - Ce sont d'abord ses trois anciens élèves, Bernard PRIEUR, Pierre MOUFLE et Pierre MALGRAS - c'était là tout l'effectif de la petite classe de Bar sur Aube - qui se sont retrouvés tout étonné un matin d'hiver, dans le préau de leur école, pour évoquer leur merveilleux professeur de physique et de philosophie qui les entraînait dans des courses champêtres. - Ce sont ensuite des philosophes et des scientifiques qui l'ont connu ou qui l'ont lu et qui en ont été marqués - GEORGES CANGUILHEM, JEAN TOUSSAINT DESANTI, ANDRE LICHNEROWICZ, le Révérend Père DUBARLE, MICHEL FOUCAULT. - Car si BACHELARD n'a laissé derrière lui ni école ni disciple, s'il a toujours écarté la théorisation, son héritage invisible a influencé - plus ou moins sourdement - bon nombre de penseurs contemporains. - Témoin des bouleversements de la physique moderne, GASTON BACHELARD a en effet développé une philosophie des sciences vierge et neuve qui s'intéressait de l'intérieur aux mouvements d'idées de la création scientifique et à sa dimension de rêverie. - Il a représenté une certaine manière d'écrire et de penser, d'interroger les résonances profondes de l'esprit humain, pratiquant une véritable psychanalyse des éléments. - Il reste avant tout, dit le Père DUBARLE "L'homme qui nous a guidé dans la forêt magique de nos signes et qui a su se mettre à l'écoute".

lundi 17 juin 2013

BAC 2013 - 665 000 candidats démarrent avec philosophie

Le titre du Point. Et puis le chapeau d'un blog du Monde donnant les sujets de philosophie du baccalauréat 2013 : La politique, l'Etat, le travail[,] le langage et la science... les sujets de dissertation des trois séries du baccalauréat 2013 balaient largement les grands thèmes étudiés durant l'année, ils sont sans surprise et de formulation très classique.

Les voici donc, ces sujets, racontés par le blog de la rédaction du Monde [de l'Education] :
  1. .. les littéraires vont passer leur matinée à traiter au choix une des deux questions suivantes: Le langage est-il un outil? ou La science se limite-t-elle à constater les faits? Si aucune des deux ne les inspire, il leur reste un texte du très classique Descartes qui n'est autre que La lettre à Elisabeth de 1645.
  2. En série Economique et sociale, les deux questions à traiter au choix sont: Que devons-nous à l'Etat? et Interprète-t-on à défaut de connaître? Pour ceux que le concept d'Etat n'inspirerait pas plus que celui de connaissance, il reste un texte du 12ème siècle, signé Anselme et tiré de De la Concorde.
  3. Quant aux scientifiques en herbe, qui présentent le bac S, et pour qui la philosophie n'est que coëfficient 3,  ils ont eux droit à la politique ou à la sempiternelle conscience de soi. Au menu de leurs cogitations matinale[s], deux questions là encore: Peut-on agir moralement sans s'intéresser à la politique? et Le travail permet-il de prendre conscience de soi? Quant au texte proposé, c'est du Bergson tiré de La pensée et le mouvant.  
 Merci donc à la rédaction pour ce conte fantastique. Et l'on s'y reverrait presque, planchant sur l'un de ces sujets à la patine d'époque : Le fou c'est celui qui a tout perdu sauf la raison ou alors L'essence de la réflexion c'est de comprendre que l'on n'avait rien compris.

Cela dit, un syllogisme à la Cioran ne serait pas mal non plus pour stimuler l'intelligence de la jeunesse. Ou le fameux Je est un autre ("commentez ces mots de Rimbaud") !

Ah ! le bon vieux temps, où la philosophie, c'était encore de la Philosophie. Où tout était à sa place : Kant dans les idées transcendentales et Descartes à cheval, Nietzsche aux aphorismes renversants et Hegel à la dialectique. Heidegger au brassard ontologique et Husserl aux phénomènes. Sartre à la cave et Camus chez sa mère !

Aujourd'hui, depuis que les derniers grands (Baudrillard, Cioran, Bourdieu, Derrida et al.) ont quitté ce monde étrange, il ne reste, peu ou prou, que des pantins médiatiques qui se mêlent de tout et de rien, affirmant tout et son contraire. Et dans ce brouhaha, il faut pondre une dissert de philo. Alors, vraiment, bon courage, Mesdemoiselles et Messieurs !

Blagues à part, on n'a pas fini de déplorer la baisse de niveau dans la pensée dite contemporaine, qui souvent n'est qu'un rabâchage de poncifs, sans même que l'on prenne la peine d'intégrer ou même d'analyser les changements de paradigme dans la société actuelle, préférant un prêt-à-penser aussi digeste que digital, fourni par la toute puissante Toile, où les moins ébahis commencent tout de même à repérer quelques araignées (puisqu'on y cherche fatalement à régner) !

A ce propos, j'avais demandé à un vieux philosophe pourquoi il ne s'intéressait pas à Internet. Il a répondu qu'il n'avait plus beaucoup de temps et qu'il préférait relire quelques livres importants avant de partir.

Sans doute faut-il ajouter, à l'occasion du décès de Maurice Nadeau, que l'ambiance, dans le milieu de l'édition française, qui diffuse également les écrits philosophiques, n'est guère plus inspirée que celle des dîners médiatiques où l'on célèbre la pensée contemporaine, dont la contemporanéité est d'ailleurs souvent abusive quand la date limite des idées proposées est passée depuis longtemps. Et la "pensée", qui s'énonce ainsi, n'est bien souvent qu'une farce étudiée qui, si elle n'était assortie d'un formidable comique involontaire, ferait parfois pleurer de rage !

 (SK)

lundi 28 janvier 2013

Bachelard : "Portrait d'un Philosophe"

Quelques minutes avec un homme d'exception : comment l'un de nos penseurs médiatiques contemporains peut-il encore se prévaloir du titre de Philosophe après avoir vu cela ?


Portrait d'un philosophe
Cinq colonnes à la une - 01/12/1961 - 09min35s

Texte de présentation de l'INA :

Gaston Bachelard, ancien professeur de philosophie à la Sorbonne, a reçu récemment le prix national des lettres. Nous le découvrons près de la place Maubert où il vit dans une petite pièce dont il ne sort presque plus. Avec humour, il nous parle de sa vie, de son amour pour les choses simples et "naturelles". Il dément l'idée que l'on se fait souvent à tort d'un philosophe, en dévoilant la partie de son personnage qui a toujours eu aussi les pieds sur terre.