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(J-7)
Vous n'avez pas révisé ? Vous n'avez rien compris à ce que racontait le/la prof de philo ? - Ne vous inquiétez pas : ces quelques conseils de philochat vont vous aider.
D'abord, décontractez-vous et oubliez le "name dropping" (Platon et Socrate, Montaigne et La Boétie, Descartes et Pascal, Voltaire et Rousseau, Kant et Hegel, Nietzsche et Kierkegaard, Marx et Freud...). - Apprenez qu'il faut penser par vous-même et gagner une distance critique vis-à-vis du prêt-à-penser ambiant.
Pour vous entraîner un peu, vous pourriez commencer par réfléchir sur vous-même (soyez votre propre sujet) : qu'avez-vous fait de cette année de terminale ? quels sont vos centres d'intérêt, vos passions, vos points forts ? Sous cet angle, vous pourriez également vous poser la question du temps perdu, du divertissement (Pascal), du spleen (Baudelaire). - Ensuite, pourquoi ne pas prendre une feuille de papier et noter quelques réflexions sur votre vie, vos aspirations, vos relations. Peut-être aurez-vous alors cette révélation du poète : "Je est un autre" (Rimbaud, Lettre du Voyant, 1871) ?
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Pour moi, l'histoire des idées - englobant l'étude de leur relation à l'évolution des civilisations, des cultures, des sociétés - constitue l'une des disciplines les plus intéressantes de la philosophie. On ne peut pas vraiment comprendre l'impact sur l'époque moderne de la pensée de Descartes (1596-1650) - avec son fameux "je pense donc je suis" qui inaugure la "métaphysique du sujet" (Discours de la Méthode, 1637) - sans le combat pour une société éclairée, libérée de l'obscurantisme médiéval, au sein d'un mouvement culminant dans les révolutions de la fin du 18e, la déclaration des droits humains et citoyens, préfigurées par la liberté du sujet pensant et l'essor des sciences exactes, qui permettaient de leur côté des avancées technologiques fulgurantes, transformant radicalement la civilisation occidentale. - De même, il est impossible d'apprécier les particularités de la pensée hellénique en adoptant une perspective résolument rationaliste, tout en oubliant les apports de la mythologie, des épopées, de la tragédie antique, mais aussi l'organisation politique d’Athènes au 5e Siècle avant notre ère. Ou encore de rendre justice aux écrits de Marx et de Freud en partant de l'échec du communisme ou d'une psychanalyse ratée. - En somme, à travers tous ces siècles et millénaires, des pensées philosophiques très diverses sont apparues (et ont disparu ou sont restées) sous forme systématique ou aphoristique, polémique ou pacifique, conventionnelle ou protestataire, s'inspirant ou se combattant les unes les autres, suivant une ligne toute tracée ou prenant des chemins de traverse, à l'image des civilisations, cultures, sociétés qui les ont engendrées pour ensuite - bon gré mal gré - les retenir ou les rejeter
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Pour ce qui est du traditionnel "conseil rédac" : n'oubliez pas que naguère la terminale s'appelait encore la classe de rhétorique - il convient donc de maîtriser quelques figures de style (ça ne mange pas de pain). Et puis : l'argumentation ne doit pas comporter d'erreurs logiques flagrantes ou d'avis trop personnels, ces derniers pouvant figurer en conclusion ou à la rigueur dans l'intro en partant d'une expérience personnelle en relation avec le sujet proposé, sans en oublier d'annoncer le plan de la partie principale qui - les profs vous l'ont assez rabâché ! - doit comporter trois sections distinctes, du genre thèse / antithèse / synthèse (argumentaire / contre-argumentaire / évaluation), la "synthèse" étant en principe prolongée ou développée en conclusion. À mon avis, l'originalité du plan et l'organisation non conventionnelle des idées ne payent qu'en cas d'excellence (qui vous dispenserait alors de tout conseil).
Vale
φιλοχατ