lundi 7 septembre 2015

Vladimir Jankélévitch - Vocations (1969)


 [vidéo supprimée]



Vladimir Jankélévitch - Vocations
Entretien avec Pierre Dumayet

(ORTF, 31 août 1969)

 Présentation (INA)

Avec la série "Vocations", les auteurs se proposaient d'amener des personnalités de divers milieux à s'exprimer sur eux-mêmes à partir du thème de la vocation, en même temps que d'étudier certains mécanismes de l'interview grâce à un dispositif en trois temps : filmage par une caméra cachée de la préparation de l'interview, interview, puis filmage des réactions de la personne à des extraits des deux premiers moments qu'on lui proposait de visionner. - D'emblée JANKELEVITCH repousse au nom de la lucidité et de la pudeur ce mot de vocation et tout l'univers romantique de l'appel intérieur qu'il évoque. Revendiquer pour soi la vocation lui parait le fait d'une présomption ou d'un mirage rétrospectif, d'une "toilette complaisante de l'existence", d'un dédoublement de soi qui n'est qu'un constat d'indigence. L'homme, déclare-t-il, ne veut pas reconnaître les nécessites extérieures, alors que sa vie résulte certes d'une collaboration entre destin et liberté, mais au fond le fruit de circonstances contingentes et fortuites telles que la famille, la société, l'époque etc.. Avec une modestie qui n'a d'égale que sa sincérité, JANKELEVITCH raconte comment pour sa part il a été contraint d'abandonner ses ambitions de jeune homme d'être "un géant de la pensée", car pour vivre de sa philosophie il lui a fallu, bien qu'il n'en ait pas la vocation, l'enseigner. La menace de ne plus pouvoir faire de cours, que fait peser sur lui la contestation des étudiants au milieu desquels il vit, lui fait cependant convenir qu'il serait privé de ne plus pouvoir transmettre à d'autres - ne serait-ce qu'aux auditeurs invisibles de ses cours radiodiffusés - les quelques choses qu'il sent avoir encore à dire. Il reste en tous cas persuadé, lui qui n'emploie jamais le conditionnel passé, que "ce qu'il a fait, c'est ce qu'il pouvait faire de mieux". Mis au courant du dispositif, JANKELEVITCH se déclare ravi car la préparation de l'interview lui paraissait meilleure que l'interview elle-même, mais il manifeste cependant une certaine gêne à se revoir et à entendre sa voix qu'il trouve par trop "intellectuel de gauche".
  

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