Présentation de la conférence de Michel Imbert (2001) par L'Université de Tous les Savoirs :
Conscience et cerveau
Conscience et cerveau font aujourd'hui bon ménage. Il n'en a pas
toujours été ainsi. A une longue période d'indifférence, suivie d'un
temps d'hostilité affichée, fait suite aujourd'hui une idylle grosse de
promesses mais riche d'obscurité, de confusions et d'illusions. Le
nombre de livres publiés par des philosophes, psychologues,
neurobiologistes, physiciens ou mathématiciens (et j'en passe), le
nombre de colloques ou de numéros spéciaux de revues consacrés aux
relations entre cerveau et conscience est simplement confondant.
Cet
engouement vient, pour une grande part, des recherches sur le cerveau
lui-même. Il vient surtout de la mise en évidence de dissociations
spectaculaires entre ce qu'un patient, souffrant d'une lésion cérébrale
circonscrite, est capable de réaliser, sans en avoir la moindre idée,
grâce à des capacités de percevoir, de mémoriser, de choisir et arranger
l'information pertinente pour réaliser un geste, saisir un objet,
éviter un obstacle, être ému par un visage familier. Autant de
comportements qu'il exécute sans savoir comment, mais dont il aurait été
pleinement conscient sans sa lésion cérébrale. On peut aller jusqu'à
dire que toutes les compétences cognitives, y compris les compétences
sémantiques, peuvent être, jusqu'à un certain point, réalisées sans que
le sujet en ait conscience.
Cette forme de conscience constitue
ce que certains auteurs appèlent le problème facile de la conscience, en
ce sens qu'une explication en termes de fonctionnement cérébral ne pose
pas de problèmes insurmontables. Il n'en va peut-être pas de même de la
conscience au sens d'expérience subjective, strictement privée et
toujours faite à la première personne ; cet aspect de la conscience
constituerait, en revanche, un véritable défi à toute explication
scientifique.
Nous nous proposons de passer en revue un certain
nombre d'arguments, pris notamment dans le domaine de la perception
visuelle, qui établissent des corrélations fortes entre le
fonctionnement de régions cérébrales localisées et la conscience que
nous avons de ce que nous voyons et de ce que nous ressentons lorsque
nous voyons.
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