Documentaire d’Alain Jaubert, 1h39 (France, 2001)
Présentation par A. Gauvin :
"Un voyage en dix étapes biographiques sur les traces d’une vie tourmentée et de l’oeuvre exaltée et ambiguë d’un philosophe dont la pensée libertaire, récupérée aussi parfois par les totalitarismes du XXe siècle, a eu une influence majeure sur la réflexion contemporaine. - Né au presbytère de Roecken, en Thuringe, le 15 octobre 1844, le jeune Nietzsche vit avec sa mère et sa soeur après la mort de son père, un pasteur ambitieux. Très tôt, il se passionne pour l’écriture, le monde de l’esprit et de la musique. Sa mère le destine à la théologie, et il fait de brillantes études au collège de Pforta, où il découvre les auteurs antiques et classiques et la libre pensée. Peu à peu, il perd la foi et décide de suivre des cours de philologie à Bonn et à Leipzig. À 25 ans, il est appelé à la chaire de philosophie de Bâle, puis s’engage comme infirmier lors du conflit franco-allemand de 1870 - une expérience des atrocités de la guerre qui aura une influence décisive sur sa pensée et l’éloignera à jamais de Bismarck. De retour à Bâle, il entre en relation avec le milieu intellectuel (notamment l’historien Jacob Burckhardt et l’ethnographe Bachofen) et rend de fréquentes visites à Wagner, avec qui il noue une amitié aussi intense qu’orageuse. Sa première publication, la Naissance de la tragédie, suscite de vives polémiques en raison de son approche non conformiste. En 1878, affecté de graves troubles nerveux, il demande à être relevé de ses fonctions de professeur. Il commence alors une vie errante pendant laquelle il écrit ses principales oeuvres : à Sils Maria, où il a la révélation de “l’éternel retour” et de l’idée de Zarathoustra ; à Rome, où Nietzsche et son ami Paul Rée vivent une amitié amoureuse avec la jeune Russe Lou Salomé ; puis à Rapallo et Portofino, où il écrit dans la fièvre la première partie de Zarathoustra ; à Nice et Èze, où il commence à songer à la “volonté de puissance”... En 1889, il s’effondre dans une rue de Turin. Ramené en Allemagne, il ne recouvre pas la raison et meurt à Weimar le 25 août 1900.
Ainsi parlait Nietzsche
Mouvante, contradictoire, la pensée de Nietzsche, méfiante vis-à-vis des systèmes et des dogmatismes, est éclatée, discontinue. Une complexité doublée d’une mauvaise réputation qu’Alain Jaubert tente de mieux comprendre grâce aux témoignages d’écrivains et de philosophes — Jean-Pierre Faye, Barbara Cassin, Rudiger Safranski, Roberto Calasso, Vincent Descombes et Georges Liebert —, à la lecture d’extraits de Nietzsche et à un voyage biographique aussi passionnant qu’un roman d’aventures. Étroitement liée à sa vie, à sa maladie, à son amour pour la musique, à ses amitiés, son oeuvre est analysée pour elle-même mais aussi à l’aune de sa récupération totalitaire future. Sans chercher à tout prix à la blanchir de tout soupçon, Alain Jaubert approfondit les thèmes philosophiques — l’éternel retour, la volonté de puissance, le surhomme, la mort de Dieu, etc. — et les influences — Schopenhauer, les présocratiques, Voltaire, La Bruyère... Il dévoile les différentes facettes d’une personnalité tourmentée , partagée entre la poésie, la philosophie et la musique."
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