jeudi 17 juin 2010

Soumis à la réflexion des jeunes gens (Bac 2010, épreuves de philosophie)

I) Bac scientifique [4h, coeff. 3]:

1) L'art peut-il se passer de règles ?

2) Dépend-il de nous d'être heureux ?

3) Commentaire d'un extrait du Léviathan de Thomas Hobbes :

L’ignorance des causes et de la constitution originaire du droit, de
l’équité, de la loi et de la justice conduit les gens à faire de la coutume et de
l’exemple la règle de leurs actions, de telle sorte qu’ils pensent qu’une chose est
injuste quand elle est punie par la coutume, et qu’une chose est juste quand ils
peuvent montrer par l’exemple qu’elle n’est pas punissable et qu’on l’approuve. […]
Ils sont pareils aux petits enfants qui n’ont d’autre règle des bonnes et des
mauvaises manières que la correction infligée par leurs parents et par leurs maîtres,
à ceci près que les enfants se tiennent constamment à leur règle, ce que ne font pas
les adultes parce que, devenus forts et obstinés, ils en appellent de la coutume à la
raison, et de la raison à la coutume, comme cela les sert, s’éloignant de la coutume
quand leur intérêt le requiert et combattant la raison aussi souvent qu’elle va contre
eux. C’est pourquoi la doctrine du juste et de l’injuste est débattue en permanence, à
la fois par la plume et par l’épée. Ce qui n’est pas le cas de la doctrine des lignes et
des figures parce que la vérité en ce domaine n’intéresse pas les gens, attendu
qu’elle ne s’oppose ni à leur ambition, ni à leur profit, ni à leur lubricité. En effet, en
ce qui concerne la doctrine selon laquelle les trois angles d’un triangle sont égaux à
deux angles d’un carré, si elle avait été contraire au droit de dominer de quelqu’un,
ou à l’intérêt de ceux qui dominent, je ne doute pas qu’elle eût été, sinon débattue,
en tout cas éliminée en brûlant tous les livres de géométrie, si cela eût été possible à
celui qui y aurait eu intérêt. (*)

II) Bac économique et social [4h, coeff. 4] :

1) Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ?

2) Le rôle de l'historien est-il de juger ? 

3) Commentaire d'un extrait de L'éducation morale d'Emile Durkheim :

La morale de notre temps est fixée dans ses lignes essentielles, au moment où nous
naissons ; les changements qu’elle subit au cours d’une existence individuelle, ceux,
par conséquent, auxquels chacun de nous peut participer sont infiniment restreints.
Car les grandes transformations morales supposent toujours beaucoup de temps. De
plus, nous ne sommes qu’une des innombrables unités qui y collaborent. Notre
apport personnel n’est donc jamais qu’un facteur infime de la résultante complexe
dans laquelle il disparaît anonyme. Ainsi, on ne peut pas ne pas reconnaître que, si
la règle morale est oeuvre collective, nous la recevons beaucoup plus que nous ne la
faisons. Notre attitude est beaucoup plus passive qu’active. Nous sommes agis plus
que nous n’agissons. Or, cette passivité est en contradiction avec une tendance
actuelle, et qui devient tous les jours plus forte, de la conscience morale. En effet, un
des axiomes fondamentaux de notre morale, on pourrait même dire l’axiome
fondamental, c’est que la personne humaine est la chose sainte par excellence ;
c’est qu’elle a droit au respect que le croyant de toutes les religions réserve à son
dieu ; et c’est ce que nous exprimons nous-mêmes, quand nous faisons de l’idée
d’humanité la fin et la raison d’être de la patrie. En vertu de ce principe, toute espèce
d’empiètement sur notre for intérieur nous apparaît comme immorale, puisque c’est
une violence faite à notre autonomie personnelle. Tout le monde, aujourd’hui,
reconnaît, au moins en théorie, que jamais, en aucun cas, une manière déterminée
de penser ne doit nous être imposée obligatoirement, fût-ce au nom d’une autorité
morale. (*)

III) Bac littéraire [4h, coeff. 7] :

1) La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ?

2) Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

3) Commentaire d'un extrait de la Somme théologique de Thomas d'Aquin :

Parce que les actes humains pour lesquels on établit des lois consistent en des cas singuliers et contingents, variables à l'infini, il a toujours été impossible d'instituer une règle légale qui ne serait jamais en défaut. Mais les législateurs, attentifs à ce qui se produit le plus souvent, ont établi des lois en ce sens. Cependant, en certains cas, les observer va contre l'égalité de la justice, et contre le bien commun, visés par la loi. Ainsi, la loi statue que les dépôts doivent être rendus, parce que cela est juste dans la plupart des cas. Il arrive pourtant parfois que ce soit dangereux, par exemple si un fou a mis une épée en dépôt et la réclame pendant une crise, ou encore si quelqu'un réclame une somme qui lui permettra de combattre sa patrie. En ces cas et d'autres semblables, le mal serait de suivre la loi établie ; le bien est, en négligeant la lettre de la loi, d'obéir aux exigences de la justice et du bien public. C'est à cela que sert l'équité. Aussi est-il clair que l'équité est une vertu.
L'équité ne se détourne pas purement et simplement de ce qui est juste, mais de la justice déterminée par la loi. Et même, quand il le faut, elle ne s'oppose pas à la sévérité qui est fidèle à l'exigence de la loi ; ce qui est condamnable, c'est de suivre la loi à la lettre quand il ne le faut pas. Aussi est-il dit dans le Code (°) : « II n'y a pas de doute qu'on pèche contre la loi si, en s'attachant à sa lettre, on contredit la volonté du législateur ». II juge de la loi celui qui dit qu'elle est mal faite. Mais celui qui dit que dans tel cas il ne faut pas suivre la loi à la lettre, ne juge pas de la loi, mais d'un cas déterminé qui se présente. (*)

(°) Il s'agit du Code publié par Justinien en 529 : il contient la plus grande somme connue de droit romain antique.
 
(*) La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que
l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est
question.


lundi 7 juin 2010

[English] Daniel C. Dennett | 2 Lectures

A lecture by philosopher Daniel C. Dennett at Edinburgh University (June 27, 2007) entitled "Is Science Showing that We Don't Have Free Will?"

D. Dennett speaks at Conway Hall (London) about "A Darwinian Perspective on Religions: Past, Present and Future" (March 19, 2009).