mardi 27 avril 2010

Arthur Rimbaud : Deux Lettres (mai 1871)

1. - Au professeur Georges Izambard

Charleville, mai 1871.

Cher Monsieur !

Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m'avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants : vous roulez dans la bonne ornière. - Moi aussi, je suis le principe : je me fais cyniquement entretenir ; je déterre d'anciens imbéciles de collège : tout ce que je puis inventer de bête, de sale, de mauvais, en action et en parole, je le leur livre : on me paie en bocks et en filles. Stat mater dolorosa, dum pendet filius. - je me dois à la Société, c'est juste, - et j'ai raison. - Vous aussi, vous avez raison, pour aujourd'hui. Au fond, vous ne voyez en votre principe que poésie subjective : votre obstination à regagner le râtelier universitaire, - pardon ! - le prouve ! Mais vous finirez toujours comme un satisfait qui n'a rien fait, n'ayant rien voulu faire. Sans compter que votre poésie subjective sera toujours horriblement fadasse. Un jour, j'espère, - bien d'autres espèrent la même chose, - je verrai dans votre principe la poésie objective, je la verrai plus sincèrement que vous ne le feriez ! - je serai un travailleur : c'est l'idée qui me retient, quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris - où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève.

Maintenant, je m'encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n'est pas du tout ma faute. C'est faux de dire : je pense : on devrait dire : On me pense. - Pardon du jeu de mots. -

Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu'ils ignorent tout à fait !

Vous n'êtes pas Enseignant pour moi. Je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la poésie ? C'est de la fantaisie, toujours. - Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni - trop - de la pensée.

[ici "Le cœur supplicié"]

Ça ne veut pas rien dire. - Répondez-moi : chez M. Deverrière, pour A. R.

Bonjour de cœur,

Art. Rimbaud.
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2. - A l'ami Paul Demeny

Charleville, 15 mai 1871.

J'ai résolu de vous donner une heure de littérature nouvelle. Je commence de suite par un psaume d'actualité :

[ici "Chant de guerre parisien"]

- Voici de la prose sur l'avenir de la poésie - Toute poésie antique aboutit à la poésie grecque ; Vie harmonieuse. - De la Grèce au mouvement romantique, - moyen-âge, - il y a des lettrés, des versificateurs. D'Ennius à Théroldus, de Théroldus à Casimir Delavigne, tout est prose rimée, un jeu, avachissement et gloire d'innombrables générations idiotes : Racine est le pur, le fort, le grand. - On eût soufflé sur ses rimes, brouillé ses hémistiches, que le Divin Sot serait aujourd'hui aussi ignoré que le premier venu auteur d'Origines. - Après Racine, le jeu moisit. Il a duré deux mille ans !

Ni plaisanterie, ni paradoxe. La raison m'inspire plus de certitudes sur le sujet que n'aurait jamais eu de colères un jeune-France. Du reste, libre aux nouveaux ! d'exécrer les ancêtres : on est chez soi et l'on a le temps.

On n'a jamais bien jugé le romantisme ; qui l'aurait jugé ? les critiques ! ! Les romantiques, qui prouvent si bien que la chanson est si peu souvent l'œuvre, c'est-à-dire la pensée chantée et comprise du chanteur ?

Car Je est un autre. Si le cuivre s'éveille clairon, il n'y a rien de sa faute. Cela m'est évident : j'assiste à l'éclosion de ma pensée : je la regarde, je l'écoute : je lance un coup d'archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d'un bond sur la scène.

Si les vieux imbéciles n'avaient pas trouvé du Moi que la signification fausse, nous n'aurions pas à balayer ces millions de squelettes qui, depuis un temps infini, ! ont accumulé les produits de leur intelligence borgnesse, en s'en clamant les auteurs !

En Grèce, ai-je dit, vers et lyres rythment l'Action. . Après, musique et rimes sont jeux, délassements. L'étude de ce passé charme les curieux : plusieurs s'éjouissent à renouveler ces antiquités : - c'est pour eux. L'intelligence universelle a toujours jeté ses idées, naturellement ; les hommes ramassaient une partie de ces fruits du cerveau : on agissait par, on en écrivait des livres : telle allait la marche, l'homme ne se travaillant pas, n'étant pas encore éveillé, ou pas encore dans la plénitude du grand songe. Des fonctionnaires, des écrivains : auteur, créateur, poète, cet homme n'a jamais existé !

La première étude de l'homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l'inspecte, il la tente, l'apprend. Dès qu'il la sait, il doit la cultiver ; cela semble simple : en tout cerveau s'accomplit un développement naturel ; tant d'égoïstes se proclament auteurs ; il en est bien d'autres qui s'attribuent leur progrès intellectuel ! - Mais il s'agit de faire l'âme monstrueuse : à l'instar des comprachicos, quoi ! Imaginez un homme s'implantant et se cultivant des verrues sur le visage.

Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.

Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, - et le suprême Savant - Car il arrive à l'inconnu ! Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues ! Qu'il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innombrables : viendront d'autres horribles travailleurs ; ils commenceront par les horizons où l'autre s'est affaissé !

- la suite à six minutes -

Ici j'intercale un second psaume, hors du texte : veuillez tendre une oreille complaisante, - et tout le monde sera charmé. - J'ai l'archet en main, je commence :

[ici "Mes petites Amoureuses"]

Voilà. Et remarquez bien que, si je ne craignais de vous faire débourser plus de 60c. de port, - Moi pauvre effaré qui, depuis sept mois, n'ai pas tenu un seul rond de bronze ! - je vous livrerais encore mes Amants de Paris, cent hexamètres, Monsieur, et ma Mort de Paris, deux cents hexamètres ! - Je reprends :

Donc le poète est vraiment voleur de feu.

Il est chargé de l'humanité, des animaux même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme : si c'est informe, il donne de l'informe. Trouver une langue ;

- Du reste, toute parole étant idée, le temps d'un langage universel viendra ! Il faut être académicien, - plus mort qu'un fossile, - pour parfaire un dictionnaire, de quelque langue que ce soit. Des faibles se mettraient à penser sur la première lettre de l'alphabet, qui pourraient vite ruer dans la folie !-

Cette langue sera de l'âme pour l'âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant. Le poète définirait la quantité d'inconnu s'éveillant en son temps dans l'âme universelle : il donnerait plus - (que la formule de sa pensée, que la notation de sa marche au Progrès ! Enormité devenant norme, absorbée par tous, il serait vraiment un multiplicateur de progrès !

Cet avenir sera matérialiste, vous le voyez ; - Toujours pleins du Nombre et de l'Harmonie ces poèmes seront faits pour rester. - Au fond, ce serait encore un peu la Poésie grecque. L'art éternel aurait ses fonctions ; comme les poètes sont citoyens. La Poésie ne rythmera plus l'action, elle sera en avant.

Ces poètes seront ! Quand sera brisé l'infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l'homme, jusqu'ici abominable, - lui ayant donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l'inconnu ! Ses mondes d'idées différeront-ils des nôtres ? - Elle trouvera des choses étranges, insondables, repoussantes, délicieuses ; nous les prendrons, nous les comprendrons.

En attendant, demandons aux poètes du nouveau, - idées et formes. Tous les habiles croiraient bientôt avoir satisfait à cette demande. - Ce n'est pas cela !

Les premiers romantiques ont été voyants sans trop bien s'en rendre compte : la culture de leurs âmes s'est commencée aux accidents : locomotives abandonnées, mais brûlantes, que prennent quelque temps les rails. - Lamartine est quelquefois voyant, mais étranglé par la forme vieille. - Hugo, trop cabochard, a bien du vu dans les derniers volumes : Les Misérables sont un vrai poème. J'ai Les Châtiments sous la main ; Stella donne à peu près la mesure de la vue de Hugo. Trop de Belmontet et de Lamennais, de Jéhovahs et de colonnes, vieilles énormités crevées.

Musset est quatorze fois exécrable pour nous, générations douloureuses et prises de visions, - que sa paresse d'ange a insultées ! O ! les contes et les proverbes fadasses ! O les nuits ! O Rolla, O Namouna, O la Coupe ! Tout est français, c'est-à-dire haïssable au suprême degré ; français, pas parisien ! Encore une œuvre de cet odieux génie qui a inspiré Rabelais, Voltaire, jean La Fontaine, ! commenté par M. Taine ! Printanier, l'esprit de Musset ! Charmant, son amour ! En voilà, de la peinture à l'émail, de la poésie solide ! On savourera longtemps la poésie française, mais en France. Tout garçon épicier est en mesure de débobiner une apostrophe Rollaque, tout séminariste en porte les cinq cents rimes dans le secret d'un carnet. A quinze ans, ces élans de passion mettent les jeunes en rut ; à seize ans, ils se contentent déjà de les réciter avec cœur ; à dix-huit ans, à dix-sept même, tout collégien qui a le moyen, fait le Rolla, écrit un Rolla ! Quelques-uns en meurent peut-être encore. Musset n'a rien su faire : il y avait des visions derrière la gaze des rideaux : il a fermé les yeux. Français, panadif, traîné de l'estaminet au pupitre de collège, le beau mort est mort, et, désormais, ne nous donnons même plus la peine de le réveiller par nos abominations !

Les seconds romantiques sont très voyants : Th. Gautier, Lec. de Lisle, Th. de Banville. Mais inspecter l'invisible et entendre l'inouï étant autre chose que reprendre l'esprit des choses mortes, Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu. Encore a-t-il vécu dans un milieu trop artiste ; et la forme si vantée en lui est mesquine - les inventions d'inconnu réclament des formes nouvelles.

Rompue aux formes vieilles, parmi les innocents, A. Renaud, - a fait son Rolla, - L. Grandet, - a fait son Rolla ; - les gaulois et les Musset, G. Lafenestre, Coran, CI. Popelin, Soulary, L. Salles ; les écoliers, Marc, Aicard, Theuriet ; les morts et les imbéciles, Autran, Barbier, L. Pichat, Lemoyne, les Deschamps, les Desessarts ; les journalistes, L. Cladel, Robert Luzarches, X. de Ricard ; les fantaisistes, C. Mendès ; les bohèmes ; les femmes ; les talents, Léon Dierx, Sully-Prudhomme, Coppée, - la nouvelle école, dite parnassienne, a deux voyants, Albert Mérat et Paul Verlaine, un vrai poète. - Voilà. - Ainsi je travaille à me rendre voyant. -

Et finissons par un chant pieux.

[ici "Accroupissements"]

Vous seriez exécrable de ne pas répondre : vite car dans huit jours je serai à Paris, peut-être.

Au revoir.

A. Rimbaud.


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NB. - Site personnel très intéressant sur Rimbaud > http://abardel.free.fr/

mercredi 21 avril 2010

Héraclite

Fragments
Traduction française de Tannery (1887)

Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII 132

    1. Ce verbe, qui est vrai, est toujours incompris des hommes, soit avant qu’ils ne l’entendent, soit alors qu’ils l’entendent pour la première fois. Quoique toutes choses se fassent suivant ce verbe, ils ne semblent avoir aucune expérience de paroles et de faits tels que je les expose, distinguant leur nature et disant comme ils sont. Mais les autres hommes ne s’aperçoivent pas plus de ce qu’ils font étant éveillés, qu’ils ne se souviennent de ce qu’ils ont fait en dormant.


Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII 133

    2. Aussi faut-il suivre le (logos) commun ; mais quoiqu’il soit commun à tous, la plupart vivent comme s’ils avaient une intelligence à eux.


Aétius, Opinions, II, 21, 4

    3. (le soleil) sa largeur est d’un pied.


Albert le Grand, De uegetabilibus, VI, 401

    4. Si felicitas esset in delectationibus corporis, boues felices diceremus, cum inveniant orobum ad comedendum.


Anatolius [cod. Mon.gr.384, f, 58]

    4a. Célébrer des sacrifices sanglants ne sert pas plus a nous purifier que la boue ne laverait la tache qu’elle a faite.(Léon Robin)


Fragmente Griechischer Theosophien, 68

    5. Ils prient de telles images; c’est comme si quelqu’un parlait avec les maisons, ne sachant pas ce que sont les dieux ni les héros.(Léon Robin)


Aristote, Météorologiques, B 2, 355a 13

    6. (le soleil) chaque jour nouveau.


Aristote, De sensu, 5, 443a 23

    7.Si toutes choses devenaient fumée, on connaîtrait par les narines.


Aristote, Ethique à Nicomaque, Θ, 2, 1155b4

    8. Ce qui est contraire est utile; ce qui lutte forme la plus belle harmonie; tout se fait par discorde. (Léon Robin)


Aristote, Ethique à Nicomaque, K5, 1176a7

    9. L’âne choisirait la paille plutôt que l’or.


Ps. Aristote, Traité du Monde, 5. 396b7

    10. Joignez ce qui est complet et ce qui ne l’est pas, ce qui concorde et ce qui discorde, ce qui est en harmonie et en désaccord ; de toutes choses une et d’une, toutes choses.


Ps.- Aristote, Traité du monde, 6, 401, a 8s.

    11. Tout reptile se nourrit de terre.


Arius Didyne dans Eustèbe, Préparation évangélique, XV, 20, 2.

    12. A ceux qui descendent dans les mêmes fleuves surviennent toujours d’autres et d’autres eaux.


Clément, Protreptique, 34, 5 .

    15. Car, si ce n’était pas de Dionysos qu’on mène la pompe, en chantant le cantique aux parties honteuses, ce serait l’acte le plus éhonté, dit Héraclite ; mais c’est le même, Hadès ou Dionysos, pour qui l’on est en folie ou en délire.


Clément; Pédagogue, 99, 5.

    16. Qui se cachera du feu qui ne se couche pas?


Clément, Stromates, II, 8, 1.

    17. Ce n’est pas ce que pensent la plupart de ceux que l’on rencontre; ils apprennent, mais ne savent pas, quoiqu’ils se le figurent à part eux.


Clément, Stromates, II, 24, 5.

    18. Sans l’espérance, vous ne trouverez pas l’inespéré qui est introuvable et inaccessible.


Clément, Stromates, II, 24, 5.

    19. Ils ne savent ni écouter ni parler.


Clément, Stomates, III, 14, 1.

    20. Quand ils sont nés, ils veulent vivre et subir la mort et laisser des enfants pour la mort.


Clément, Stromates, IV, 2, 4, 2.

    22. Ceux qui cherchent l’or fouillent beaucoup de terre pour trouver de petites parcelles.


Clément, Stromates, IV, 10, 1.

    23. On ne connaîtrait pas le mot de justice, s’il n’y avait pas de perversité.


Clément, Stromates, IV, 4, 16, 1.

    24. Les dieux et les hommes honorent ceux qui succombent à la guerre.


Clément, Stromates, IV, 7, 49, 3.

    25. Les plus grands morts obtiennent les plus grands sorts.


Clément, Stomates, IV, 141, 2.

    26. L’homme dans la nuit, allume une lumière pour lui-même ; mort, il est éteint. Mais vivant, dans son sommeil et les yeux éteints, il brûle plus que le mort ; éveillé, plus que s’il dort.


Clément, Stromates, IV, 22, 144, 3.

    27. Les hommes n’espèrent ni ne croient ce qui les attend après la mort.


Clément, Stromates, V, 1, 9, 3.

    28. L’homme éprouvé sait conserver ses opinions ; le châtiment atteindra les artisans de mensonge et les faux témoins.


Clément, Stromates, V, 14, 104, 2.

    30. Ce monde été fait, par aucun des dieux ni par aucun des hommes ; il a toujours été et sera toujours feu éternellement vivant, s’allumant par mesure et s’éteignant par mesure.


Clément, Stromaque, V, 14, 104, 3.

    31. Les changements du feu sont d’abord la mer, et, de la mer, pour moitié terre, moitié prestère. La mer se répand et se mesure au même compte qu’avant que la terre ne fût.


Clément, Stromates, V, 115, 1.

    32. L’un, qui seul est sage, veut et ne veut pas être appelé du nom de Zeus.


Clément, Stromates, V, 14, 115, 2.

    33. La loi et la sentence est d’obéir à l’un.


Clément, Stromates, V, 115, 3. & Préparation évangélique, XIII, 13, 42.

    34. Les inintelligents qui écoutent ressemblent à des sourds ; le proverbe témoigne que, tout présents qu’ils soient, ils sont absents.


Clément, Stromates, VI, 17, 2.

    36. Pour les âmes, la mort est de devenir eau ; pour l’eau, la mort est de devenir terre ; mais de la terre vient l’eau, de l’eau vient l’âme.


Diogène Laërce, Vies des philosophes, I, 88.

    39. Dans Priène, vivait Bias, fils de Teutame, dont on parle plus que des autres.


Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 1.

    40. La polymathie n’enseigne pas l’intelligence; elle eût enseigné Pythagore,

Xénophane et Hécatée.


Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 1.

    41. II n’y a qu’une chose sage, c’est de connaître la pensée qui peut tout gouverner partout.


Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 2.

    43. Mieux vaut étouffer la démesure qu’un incendie.


Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 2.

    44. Le peuple doit combattre pour la loi comme pour ses murailles.


Diogène Laërce, Vies des philosophes, IX, 7.

    46. La présomption est une maladie sacrée.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 1.

    50. Ce n’est pas à moi, mais au logos qu’il est sage d’accorder que l’un devient toutes choses.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 2.

    51. Ils ne comprennent pas comment ce qui lutte avec soi-même peut s’accorder. L’harmonie du monde est par tensions opposées, comme pour la lyre et pour l’arc.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 4.

    52. L’Éternel est un enfant qui joue à la pettie ; la royauté est a un enfant.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 4.

    53. La guerre est père de tout, roi de tout, a désigné ceux-ci comme dieux, ceux-là comme hommes, ceux-ci comme esclaves, ceux-la comme libres.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 5.

    54. Il y a une harmonie dérobée, meilleure que l’apparente et où le dieu a mêlé et profondément caché les différences et les diversités.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 15.

    55. Ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on apprend, voilà ce que j’estime davantage.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 9, 6.

    56. Les hommes se trompent pour la connaissance des choses évidentes, comme Homère qui fut le plus sage des Grecs. Des enfants, qui faisaient la chasse à leur vermine, l’ont trompé en disant: « Ce que nous voyons et prenons, nous le laissons; ce que nous ne voyons ni prenons, nous l’emportons ».


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 2.

    57. La foule a pour maître Hésiode ; elle prend pour le plus grand savant celui qui ne sait pas ce qu’est le jour ou la nuit ; car c’est une même chose.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 3.

    58. Les médecins taillent, brûlent, torturent de toute façon les malades et, leur faisant un bien qui est la même chose qu’une maladie, réclament une récompense qu’ils ne méritent guère.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 4.

    60. Un même chemin en haut, en bas.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 5.

    61. La mer est l’eau la plus pure et la plus souillée ; potable et salutaire aux poissons, elle est non potable et funeste pour les hommes.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 6.

    62. Les immortels sont mortels et les mortels, immortels ; la vie des uns est la mort des autres, la mort des uns, la vie des autres.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 6.

    63. De là ils s’élèvent et deviennent gardiens vigilants des vivants et des morts.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 7.

    64. La foudre est au gouvernail de l’univers.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 7.

    65. Le feu est indigence et satiété.(Léon Robin)


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 7.

    66. Le feu survenant jugera et dévorera toutes choses.


Hippolyte, Réfutation des toutes les hérésies, IX, 10, 7.

    67. Le dieu est jour-nuit, hiver-été, guerre-paix, satiété-faim. Il se change comme quand on y mêle des parfums ; alors on le nomme suivant leur odeur.


Marc Aurèle, Pensées, IV, 46 ; Maxime de Tyr. XII ; Plutarque de E. 18. 392c.

    76. Mort du feu, naissance pour l’air ; mort de l’air, naissance pour l’eau.


Celse, dans Origène, Contre Celse, VI, 12.

    78. Le naturel humain n’a pas de raison, le divin en a.


Celse, dans Origène, Contre Celse, VI, 42.

    80. Il faut savoir que la guerre est commune, la justice discorde, que tout se fait et se détruit par discorde.


Platon, Hippias majeur, 289 a.

    82. Le plus beau singe est laid en regard du genre humain.


Platon, Hippias majeur, 289 b.

    83. L’homme le plus sage parait un singe devant Dieu.


Aristote, Ethique à Eudème, B 7, 1223 b 23 s.

    85. Il est difficile de résister à la colère ; elle fait bon marché de l’âme.


Clément, Stromates, V, 13, 88, 4.

    86. Cacher les profondeurs de la science est une bonne défiance ; elle ne se laisse pas méconnaître.


Plutarque, De audientis poetis, 28 D.

    87. L’homme niais est mis hors de lui par tout discours.


Plutarque, Consolation d’Apollonius, 106 E.

    88. Même chose ce qui vit et ce qui est mort, ce qui est éveillé et ce qui dort, ce qui est jeune et ce qui est vieux ; car le changement de l’un donne l’autre, et réciproquement.


Plutarque, Sur l’E de Delphes, 388 DE.

    90. Contre le feu se changent toutes choses et contre toutes choses le feu, comme les biens contre l’or et l’or contre les biens.


Plutarque, Sur l’E de Delphes, 392 B.

    91. On ne peut pas descendre deux fois dans le même fleuve.


Plutarque, Sur les oracles de la Pythie 397 A.

    92. La sibylle, de sa bouche en fureur, jette des paroles qui ne font pas rire, qui ne sont pas ornées et fardées, mais le dieu prolonge sa voix pendant mille ans.

    93. Le dieu dont l’oracle est à Delphes ne révèle pas, ne cache pas, mais il indique.

    94. Le Soleil ne dépassera pas les mesures ; sinon, les Erynnies, suivantes de Zeus, sauront bien le trouver.

    95. II vaut mieux cacher son ignorance; mais cela est difficile quand on se laisse aller à l’inattention ou a l’ivresse.

    96. Les morts sont à rejeter encore plus que le fumier.

97. Les chiens aboient après ceux qu’ils ne connaissent pas.

98. Les âmes flairent dans l’Hadès.

99. Sans le Soleil, on aurait la nuit.

101. Je me suis cherché moi-même.

104. Quel est leur esprit ou leur intelligence?

107. Ce sont de mauvais témoins pour les hommes que les yeux et les oreilles quand les âmes sont barbares.

108. De tous ceux dont j’ai entendu les discours, aucun n’est arrivé à savoir que ce qui est sage est séparé de toutes choses.

110. II n’est pas préférable pour les hommes de devenir ce qu’ils veulent.

111. C’est la maladie qui rend la santé douce et bonne ; c’est la faim qui fait de même désirer la satiété, et la fatigue, le repos.

114. Ceux qui parlent avec intelligence doivent s’appuyer sur l’intelligence commune à tous, comme une cité sur la loi, et même beaucoup plus fort. Car toutes les lois humaines sont nourries par une seule divine, qui domine autant qu’elle le veut, qui suffit à tout et vient à bout de tout.

117. L’homme ivre est guidé par un jeune enfant ; il chancelle, ne sait où il va ; c’est que son âme est humide.

118. Où la terre est sèche, est l’âme la plus sage et la meilleure.

L’âme sèche est la plus sage et la meilleure.

L’âme la plus sage est une lueur sèche.

C’est l’âme sèche, la meilleure, celle qui traverse le corps comme un éclair la nuée.

119. Le caractère pour l’homme est le daimone.

120. De l’aurore et du soir les limites sont l’Ourse, et, en face de l’Ourse, le Gardien de Zeus sublime (l’Arcture).

121. Les Ephésiens méritent que tous ceux qui ont âge d’homme meurent, que les enfants perdent leur patrie, eux qui ont chassé Hermodore, le meilleur d’entre eux, en disant: «  Que parmi nous il n’y en ait pas de meilleur; s’il y en a un, qu’il aille vivre ailleurs ».

129. Pythagore, fils de Mnésarque, plus que tout homme s’est appliqué a l’étude, et recueillant ces écrits il s’est fait sa sagesse, polymathie, méchant art.